ECRITOIRE EN PORCELAINE DE PARIS
de Pierre Louis Dagoty (1771 -1840)
Jusqu’à la Révolution, les fabricants de porcelaine ont dû composer avec les restrictions que leur imposait le privilège royal accordé à la manufacture de Vincennes (qui deviendra en 1756 la manufacture de Sèvres). Elle avait, à ce titre, le monopole de l’utilisation de la dorure, de la polychromie et des décors en relief, sur porcelaine.
Néanmoins, à partir de 1770, plusieurs ateliers s’implantent à Paris, dans le nord-est de la capitale. Ils produisent des objets peu luxueux ou des sujets en blanc. Certaines manufactures se placent sous la protection de la Reine, ou de membres de la famille royale, pour contourner le monopole et échapper aux poursuites.
L’abolition des privilèges en 1789, ouvre la voie fin XVIIIème, début XIXème siècles, à l’âge d’or de la porcelaine de Paris Les manufactures parisiennes peuvent désormais créer et produire sans aucune contrainte, et rivaliser avec les plus luxueuses productions.
C’est ainsi, sous l’Empire et la Restauration, que l’entreprise DAGOTY a prospéré.
Pierre Louis DAGOTY est né à Paris en 1771 dans une famille de peintres et de sculpteurs. Son père, GAUTIER DAGOTY dit « GAUTIER l’AÎNE » était le portraitiste de MARIE ANTOINETTE.
Il n’a que 14 ans, à la mort de son père, en 1786, mais il apprend avec ses frères le métier de peintre sur porcelaine chez GUERHARD et DIHL, les célèbres porcelainiers parisiens.
Les frères DAGOTY s’installent ensuite dans un modeste logement, boulevard des Italiens à Paris, comme décorateurs sur porcelaine.
En 1798, Pierre Louis DAGOTY et son frère Etienne, reprennent l’entreprise BOUGON, une modeste fabrique qui périclite, située rue de Chevreuse à Paris, dans le quartier du Montparnasse, mais son frère décède en 1804 et il se retrouve seul à la direction de la manufacture.
Cette même année, il obtient le soutient de l’Impératrice Joséphine, l’épouse de Napoléon 1er, dont le patronage l’autorise désormais à signer ses porcelaines :
« Manufacture de S.M. l’Impératrice, PL Dagoty à Paris »
Marque utilisée de 1804 à 1814
Cette protection lui permet de développer rapidement son activité et la manufacture emploie jusqu’à cent ouvriers au début du XIXème siècle.
Une grande partie de sa production est destinée à l’exportation, à destination principalement de l’Espagne et de la Russie pour les pièces les plus luxueuses, et il bénéficie d’importantes commandes officielles du garde meubles impérial. Il obtient une médaille d’argent à l’exposition des produits de l’industrie en 1806. Il ouvre un magasin de vente boulevard Poissonnière dont les façades vitrées constituent une des plus belles devantures des magasins de luxe à Paris, sous l’Empire
C’est une des plus florissantes et prestigieuse manufactures parisiennes de porcelaine fine au début du XIXème siècle.
La chute de Napoléon 1er et la fin de l’Empire mettent fin en 1814 à son privilège impérial.
En, 1815, sous la Restauration, il obtient la protection de la duchesse d’Angoulême (Fille de Louis XVI et Marie Antoinette) sous le patronage de laquelle il exercera jusqu’en 1820.
L’entreprise prend alors le titre de « Manufacture de la Duchesse d’Angoulême »
En 1816, il s’associe avec François Maurice HONORE et son fils Edouard.
«Manufacture de Madame la Duchesse d’Angoulême P .L. Dagoty, E Honoré à Paris »
Marque utilisée de 1816 à 1820 (Association Dagoty-Honoré)
F.M. HONORE est déjà à la tête d’une manufacture parisienne de porcelaine située Petite rue neuve St Gilles (aujourd’hui rue des Tournelles), et d’un centre de production situé à Saint Yrieix, près de Limoges où il fabrique les porcelaines en blanc.
Les deux hommes unissent leurs talents et leurs moyens pour produire une porcelaine de luxe souvent rehaussée d’or. La nouvelle manufacture obtient une médaille d’argent à l’exposition des produits de l’industrie en 1819. DAGOTY & HONORE sont les fournisseurs officiels de la cour impériale, mais leur réputation va au-delà de nos frontières, l’entreprise a de prestigieux clients dans toute l’Europe, et même au-delà des mers: deux services de table DAGOTY sont encore en usage aujourd’hui à la Maison Blanche (USA).
DAGOTY et HONORE se séparent en 1820. DAGOTY conserve la manufacture de St YRIEIX qu’il cède en 1823
Edouard HONORE conserve la direction de l’entreprise à PARIS. Il vend les manufactures parisiennes en 1824, et il transfert les ateliers de production des porcelaines en blanc à Champroux, dans l’Allier. Il adosse au magasin parisien rue Poissonnière, un atelier pour décorer les blancs fabriqués à Champroux.
Cette écritoire est une pièce emblématique qui correspond à l’âge d’or de la porcelaine de PARIS (fin XVIIIème, début XIXème siècle),
Elle illustre le mouvement artistique qui s’est développé entre le milieu du XVIIIème siècle et les années 1830 en réaction à l’exubérance du baroque, le Néoclassicisme. Elle témoigne des principales composantes du style Néoclassique: la beauté, la pureté et la sobriété, traduites par un socle en marbre de forme rectangulaire sans aucune fioriture, la mode du retour à l’antiquité, le choix des matériaux, une recherche de l’équilibre par la symétrie.
Elle renseigne aussi sur les caractéristiques des porcelaines DAGOTY.
Ces porcelaines sont célèbres pour une riche décoration dorée, l’utilisation d’un or très épais et de qualité, qui permet de les identifier. Il est probable que DAGOTY utilisait de l’or pur pour donner un tel éclat à la dorure.
L’or était appliqué au pinceau sur la porcelaine qui avait déjà subi une première cuisson (le dégourdi) qui permettait d’éliminer l’eau et de transformer l’argile crue, fragile, en un objet solide, maniable et poreux.
Après l’application de l’or, on procédait à une nouvelle cuisson de la pièce à basse température (700-800°) pour fixer l’or. Sur la porcelaine, l’or sort mat après cuisson. Pour obtenir une finition brillante, la dorure devait être polie à l’aide d’un outil spécial, le brunissoir(une pierre dure, souvent de l’agate). Cette technique met donc en œuvre un véritable travail d’orfèvrerie, que très peu de porcelainiers maitrisaient à l’époque.
L’utilisation de l’or pur participe à révéler la somptuosité de l’objet, contrairement aux techniques d’or liquide plus rapides et moins chères qui vont se généraliser à la fin du XIXème siècle.
L’écritoire repose sur un socle rectangulaire en marbre noir supporté par quatre pieds en forme de griffes de lion dorées. Elle est composée de deux amours en biscuit, assis, qui tiennent sur leurs genoux un demi-coquillage doré, l’un constituant l’encrier et l’autre un vide poche.
Ils portent en bandoulière un carquois d’or formant un support à plume.
Ces amours sont en biscuit de porcelaine: l’absence de glaçure simule l’aspect du marbre
Le biscuit est une porcelaine tendre ou dure, cuite sans glaçure
Constatant que la couverte ou la glaçure faisait du tort à la finesse du travail, le peintre Jean Jacques Bachelier (1724-1806) qui est nommé en 1749 directeur des ateliers de sculpture de la manufacture de Vincennes a eu l’idée de laisser la porcelaine sans émaillage. Il revendique, à ce titre, la paternité du biscuit qui fut une des spécialités de la manufacture de Sèvres.
Le biscuit de porcelaine est recherché pour sa blancheur mate et sa texture légèrement granuleuse qui imite l’apparence et le grain du marbre sculpté.
En renonçant à l’émaillage, on conserve toute la finesse des détails et pour les personnages, l’expression des visages.
Les ouvrages en biscuit constituent ainsi de véritables œuvres d’art et non plus de simples décorations.
C’est aussi à ce titre que notre écritoire est une pièce originale, s’apparentant à un travail d’orfèvrerie pour les coupelles et de sculpture pour les personnages.
LE STYLE EMPIRE 1803-1821
Il recouvre la période du règne de Napoléon 1er, et il perdure une dizaine d’année après la...
ECRITOIRE EN MARQUETERIE DE BOIS DE ROSE, BRONZE ET PLAQUES EN PORCELAINE
Notre écritoire est un travail du XIXème siècle et s’inspire des meubles ornés de plaques de...
LES ENCRIERS SIPHOÏDES CHAULIN
Avec une ouverture réduite, ils permettent de limiter l’évaporation de l’encre en réduisant son...
ECRITOIRE LE CORBEAU ET LE RENARD
inspiré de la fable de Jean de la FontaineJean de la FONTAINE (1621-1695) a commencé à écrire...
LES ENCRIERS A POMPE à sonnette
Au 19ème siècle, sous l’impulsion de la Révolution industrielle, la société se transforme....
ENCRIER DE VOYAGE
en marqueterie de style « BOULLE » Epoque Napoléon IIIAu 19ème siècle, sous l’impulsion de...