ECRITOIRE EN MARQUETERIE DE BOIS DE ROSE, BRONZE ET PLAQUES EN PORCELAINE
Notre écritoire est un travail du XIXème siècle et s’inspire des meubles ornés de plaques de porcelaine de la seconde moitié du XVIIIème siècle.
Le mobilier à plaques de porcelaine connaît un grand succès au XVIIIème siècle, auquel ont contribué les plus grands ébénistes, sous la direction des marchands merciers qui assuraient alors le commerce des objets d’art.
Il illustre le parcours d’un homme, Simon Philippe Poirier et de ses associés et successeurs Dominique Daguerre et Martin Eloy Lignereux, qui ont contribué au renouveau des arts décoratifs parisiens pendant un demi-siècle, et lui ont permis de rayonner bien au-delà des frontières.
Les marchands merciers
Alors que le système corporatif imposait aux artisans un strict cloisonnement entre les métiers, les marchands merciers étaient autorisés, non pas à fabriquer, mais à faire enjoliver toutes sortes des marchandises qu’ils vendaient.
Ils sont définis dans l’Encyclopédie comme « marchands de tout et faiseurs de rien »
Le mobilier à plaques de porcelaine de Sèvres impliquait donc leur intervention, car Ils s’employaient à assurer l’intermédiaire entre différentes corporations dont ils coordonnaient les activités. Le mobilier et les objets d’art en placage de bois exotique rehaussé de plaques de porcelaine n’auraient jamais pu être fabriqués par les seuls ébénistes dont les statuts ne les autorisaient pas à travailler la porcelaine et le bronze.
C'est le marchand mercier Simon-Philippe Poirier qui, le premier, a eu l'idée d'associer la porcelaine au travail d'ébénisterie à la fin des années 1750
Il a fait appel aux plus grands ébénistes pour réaliser, d’après ses dessins, des meubles et des objets (coffres, écritoires, pendules…) ornés de plaques de porcelaine, dont Adam Weisweiler et Martin Carlin qui deviendra l’ébéniste en titre du Roi Louis XVI, et qui s’imposera, par ailleurs, rapidement comme le spécialiste des ouvrages ornés de plaques de porcelaine.
Poirier tient boutique à l’enseigne de « La couronne d’or » dans le faubourg Saint Honoré: Les meubles et les objets ornés de plaques de porcelaine y connaissent un grand succès auprès de l’aristocratie française et d’une clientèle internationale.
Les écritoires qui constituent le complément indispensable de l’ameublement y tiennent une bonne place. Il compte parmi ses illustres clients, Marie Antoinette, Madame de Pompadour, La comtesse du Barry, le marquis de Marigny…
Les plaques de porcelaine
Sèvres
Dès 1758, Poirier passe commande de plaques de porcelaine à la manufacture de Sèvres dont il deviendra l’un des principaux clients.
Les plus belles pièces sont ornées de scènes inspirées des gravures d’après les plus grands peintres et ornemanistes. Elles sont également décorées de guirlandes, bouquets de fleurs, trophées, dorures…
La réalisation de telles plaques relève d’une véritable prouesse technique, tant par la finesse et la précision du dessin que par les impératifs de cuisson pour éviter la fusion des couleurs. Cette difficulté conduit à rejeter environ les 2/3 des plaques après cuisson.
C’est aussi Poirier qui a imaginé des encadrements en bronze doré qui permettent de masquer le contour des plaques.
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En 1772, Simon-Philippe Poirier s’associe avec son cousin, Dominique Daguerre : ils n’ont pas l’exclusivité de l’achat des plaques de porcelaine à Sèvres, mais leurs achats représentent environ 90% de la production de la manufacture.
Wedgwood
Daguerre succède en 1777 à Poirier ; il continue sa collaboration avec Sèvres, mais il noue des liens avec la manufacture anglaise Wedgwood, dont il devient le dépositaire parisien.
Wedgwood a mis au point le jasperware qui permet d’imiter les camées : c’est une pâte très dure à base d’argile blanche qui ressemble à un biscuit mat, qui est teinté dans la masse, et sur lequel on applique des décors blancs en bas-relief d’une très grande finesse.
A partir de cette époque, pour orner différents ouvrages, Daguerre utilise donc aussi des plaques en jasperware à motif mythologique blanc sur fond bleu ou vert, dont la mode du retour à l’antique va favoriser l’attrait.
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Dominique Daguerre s’associe en 1787 avec Martin-Eloy Lignereux (1751-1809)
L’arrivée de Lignereux permet à l’entreprise de s’implanter en Angleterre où elle ouvre une boutique à Londres. A la fin de 1789, Daguerre s’y établit et Martin-Eloi Lignereux, prend la direction du magasin parisien
Leurs créations séduisent aussitôt l’aristocratie anglaise et leurs créations entrent, outre-manche, dans les maisons les plus prestigieuses. Ils comptent parmi leurs illustres clients, le Prince de Galles, les Spencers, et de nombreux lords…
Mais en France, les troubles révolutionnaires vont affecter durement leur activité en les privant de nombre de leurs clients. Daguerre se retire des affaires en 1793, il meurt à Chelsea en août 1796.
Martin Eloy Lignereux maintient, néanmoins, l’activité de l’entreprise qui rayonne, à nouveau, sous l’Empire et le Consulat. La maison Lignereux obtient une médaille d’or à l’exposition des produits de l’industrie en 1802.
Mais affaibli par la maladie, Lignereux est contraint de s’arrêter en 1804, et il s’éteint à Paris en 1809.
Notre écritoire est un travail du XIXème siècle, il témoigne de l’engouement, sous le second empire, pour réinterpréter et se réapproprier les styles du passé. Il s'agit d'une forme de placage très appréciée à cette époque.
Le règne de Napoléon III est marqué par la Révolution industrielle et un formidable essor économique. Pour répondre, entre autres, aux exigences d’une bourgeoisie qui aspire au luxe et aime montrer sa réussite, l’Empereur encourage le développement des nouvelles techniques qui rend le goût du luxe accessible au plus grand nombre.
Mais dans la seconde moitié du XIXème siècle, les arts décoratifs sont surtout influencés par l’impératrice Eugénie qui affiche des goûts prononcés pour le passé, voue une grande admiration pour la reine Marie Antoinette, et apprécie particulièrement le style Louis XVI.
Notre écritoire est ornée sur chacune de ses faces d’un placage de bois de rose appliqué en frisage. Il s’agit d’une technique de placage très appréciée, qui permet de former des motifs géométriques, en losanges ou en chevrons, grâce aux veines du bois.
Tous les contours sont soulignés par des ornements en bronze doré qui servent également de cadres à des plaques en porcelaine qui ornent toutes les faces de l’écritoire.
De formats différents, ces plaques sont toutes peintes d’un bouquet de fleurs multicolores ou d’une frise florale sur fond blanc.
Ces plaques en porcelaine de Paris peintes à la main s’inspirent de celles qui étaient fabriquées par la manufacture de Sèvres au XVIIIème siècle.
Le motif entouré d’un liseré en or amati sur un fond couleur bleu céleste est caractéristique de la production de la manufacture de Sèvres.
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Cette page est issue d’un recueil de 50 planches lithographiées et coloriées à la main, représentant 250 motifs copiés d’après les plaques de porcelaine originales ornant les collections de M. le baron Edmond de Rothschild. Ce recueil a été publié en 1889 par Edouard Garnier chez l’éditeur Quantin.
Un important ensemble de dessins représentant des plaques de porcelaine, constituant sans doute un recueil de présentation destiné aux clients de Daguerre, est aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum of Art de New York.
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