LES ENCRIERS A POMPE à sonnette
Au 19ème siècle, sous l’impulsion de la Révolution industrielle, la société se transforme. L’industrialisation progressive du pays, favorise l’avènement d’une bourgeoisie d’affaire qui tire sa richesse, du commerce, de l’industrie et de la finance. Cette nouvelle classe sociale se substitue à la noblesse et au clergé, dépossédés de leurs privilèges et parfois même de leurs biens, à la Révolution. A la fin du siècle, l’idéologie républicaine instaure la laïcité et la scolarisation, et permet à tous d’avoir désormais accès à l’enseignement.
L’écriture va ainsi jouer progressivement un rôle important, dans la mesure où elle est accessible à un plus grand nombre, mais aussi et surtout parce qu’elle constitue le support des activités économiques et qu’elle accompagne les transformations sociales qui en résultent.
On écrit donc d’avantage et l’usage des encriers se vulgarise. Parallèlement à l’évolution des formes, la technique se perfectionne: agréables, les encriers doivent être aussi utiles, et les évolutions techniques vont les rendre de plus en plus commodes.
Les recherches et les perfectionnements dont ils font l’objet ont pour but d’éviter que l’encre ne se renverse, et de lui assurer une meilleure conservation. Depuis des siècles l’encrier n’est qu’un simple récipient fermé par un couvercle car au contact de l’air, l’encre s’altère.
C’est ainsi qu’on a mis au point, au XIXème siècle, des encriers à système, pour permettre une meilleure utilisation de l’encre
Les principales innovations concernent Les encriers à soupape (POCHET & MARCHAND 1775) les encriers à pompe (CHAUMETTE 1826, BOCQUET 1831), les encriers siphoïdes à niveau constant (CHAULIN 1837) et les encriers à bascule ou « Escargot » (ROUX 1845)
C’est l’encrier à pompe, qui va plus particulièrement retenir notre attention.
Le « Grand Larousse rapporte qu’en 1791 apparaissent les encriers à pompe dont la vogue allait persister pendant quatre-vingts ans »
Ce sera surtout grâce à Louis Honoré BOQUET (1786-1860) qu’ils deviendront très appréciés des utilisateurs les plus exigeants.
Sur la demande de son premier brevet en 1831, il écrit pour justifier cette innovation
« Dans les encriers ordinaires, l’air atmosphérique, directement en contact avec toute la surface de l’encre, a tôt fait, par son action continuelle d’absorber les parties accuses et acides qui tiennent la substance colorante en dissolution. Cette substance s’épaissit, se coagule et ne passe plus de la plume sur le papier… »
Les schémas ci-dessous permettent de comprendre le fonctionnement d’un encrier à pompe :
Le corps principal de l’encrier contient l’encre dans laquelle plonge un piston cylindrique en verre ou en porcelaine, activé par un bouton à vis situé sur le couvercle. Il est relié à un godet latéral en forme de bec que la pression exercée par le mouvement descendant du piston remplit d’encre. ( 1).
En tournant le bouton qui commande les mouvements du piston, dans l’autre sens, le piston remonte et l’encre du godet est aspirée dans le corps principal de l’encrier. (2)
Ces encriers connaissent un grand engouement.
Ils constituent des objets fonctionnels, des objets d’usage courant dans les intérieurs au XVIIIème et surtout aux XIXème siècles. Certains modèles sont simples, de facture modeste, en porcelaine blanche, sans aucun décor. Ils sont destinés aux administrations comme cet encrier à trois becs (photo ci-contre) ou à une clientèle peu exigeante privilégiant le côté d'abord utilitaire de cette innovation.
Mais, néanmoins, un encrier à pompe coûte cher par rapport à un encrier ordinaire.
Comme au début du XIXème siècle, peu de gens savent encore écrire, les encriers à pompe sont des pièces souvent luxueuses, voire même prestigieuses, destinées aux gens aisés, qui témoignent de la richesse et du statut social de leur propriétaire.
Au XIXème siècle, les bourgeois aisés entretiennent une importante domesticité. Les sonnettes jouent un rôle essentiel dans l’organisation de leur maison pour communiquer entre les pièces de vie et les espaces de service où logent les domestiques. Dans les grandes maisons, des cordons d’appel actionnent à distance des sonnettes regroupées dans l’office. Pour autant, toutes les maisons ne disposaient pas d’une telle installation ni d’un personnel de service important, et les sonnettes, parfois de simple clochettes, pouvaient être posées sur les meubles ou intégrées aux objets domestiques.
Le 19 Avril 1844, Jean Baptiste Pelletier et Pierre Glor déposent un brevet pour une cloche dont le marteau est situé à l’intérieur du timbre.
Ainsi, lorsque la sonnette est associée à un objet, le timbre peut être apparent, comme sur cet encrier à pompe, et participer ainsi au décor D’autant plus que la décoration rend parfois le corps de la sonnette quasiment invisible, comme sur notre encrier, lui donnant un rôle davantage décoratif qu’utilitaire.
Le timbre, lorsqu’il n’est pas apparent, est intégré dans le socle comme sur cette écritoire; c’est alors un levier qui permet d’actionner la sonnette.
(Positionné entre les deux médaillons.)
Dès le milieu du XIXème siècle, de plus en plus de gens savent écrire et ont besoin d’encriers fonctionnels, pratiques, et surtout économiques. Les encriers siphoïdes et les encriers à bascule sont beaucoup moins onéreux que les encriers à pompe. Ils connaissent, ainsi, un grand succès qui va entrainer le déclin progressif des encriers à pompe. Quant aux sonnettes, elles sont le symbole d’une époque révolue où la domesticité était liée à la vie bourgeoise et au type des relations qui existaient entre maîtres et domestiques.
Les évolutions sociales et technologiques entre la fin du XIXème siecle et le début du XXème siècle ont progressivement entrainé la fin de leur usage.
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