Exceptionnel coffret écritoire du Roi Jérôme

par Martin Guillaume Biennais

L’invention de l’écritoire accompagne le développement de la communication manuscrite, l’usage du papier nécessitant un support rigide et de quoi ranger les ustensiles, encrier, plumes et poudrier pour le sable de séchage. L’écritoire joue ce double rôle, son modèle le plus fréquent étant un petit coffre transportable s’ouvrant pour devenir pupitre, et dévoilant divers compartiments.

Notre écritoire

Exceptionnel écritoire du Roi Jérôme, créé par Martin Guillaume Biennais, offert par son épouse Catherine de Wurtemberg en 1810. Il est en or, vermeil et bronze doré, avec une structure en acajou plaqué de loupe d’orme, et orné de garnitures et renforts en acier poli glacé, minutieusement travaillé à  pointe de diamant et décoré de motifs en laiton.

Le couvercle présente un large écu au centre, arborant les lettres "JN" (pour "Jérôme Napoléon") et "RW" (pour "Rex Westphalia") sous une couronne. Il est entouré d’une frise ornée d’aigles aux ailes éployées dorés, de couronnes royales, tous deux dans des couronnes de laurier, ainsi que d’abeilles d’or dans des losanges et de rinceaux (Ornement en forme d'arabesque végétale). Ce motif se répète sur tout le pourtour du coffret, avec des têtes de Méduse en or aux angles.

Les bords sont protégés par des baguettes d’angle en acier ciselé, décorées de branches de laurier entrecoupées de rosaces en or . Sur le devant, un grand écusson à six pans, orné de deux larges palmes en acier poli glacé ciselé à pointe de diamant, est enrichi en son centre de l’Aigle couronnée aux ailes éployées dans une couronne de laurier, agrémentée de rubans. Sur les côtés, deux poignées repliables en acier ciselé à pointe de diamant reposent sur des rosaces, s’amortissant sur des étoiles lorsqu’elles sont repliées.

À l’intérieur, le couvercle contient un écritoire recouvert de maroquin vert, décoré en bordure d’une frise d’or de palmes et rinceaux.

Cet écritoire s’ouvre par un système de pression caché en bordure, dévoilant un espace de rangement en acajou. La partie principale du coffret est également garnie de maroquin vert, décorée à l’or de motifs d’étoiles et de fleurettes. Elle comporte un plateau basculant, maintenu par une serrure en vermeil ciselée, signée "Biennais Orfèvre de Sa Majesté l’Empereur et Roi".

Cette écritoire fut adjugé à presque 380 000 € ! Son illustre propriétaire est sans aucun doute la justification de ce prix!

A propos de Martin Guillaume Biennais

Modeste artisan originaire de Normandie, Martin Guillaume Biennais (1764-1843) alors jeune tabletier, s’installe à Paris pour construire sa carrière. Il devient alors un « marchand tabletier, ébéniste et éventailliste » et son talent est rapidement reconnu sur la scène parisienne.

C’est en diversifiant son activité par la production de boîtes en acajou contenant des nécessaires, qu’il rencontre le général Bonaparte. Il lui vend à crédit un nécessaire avant son départ pour la campagne d’Italie (1796-1797). Lors de cette vente, la confiance accordée de Biennais envers le général Bonaparte, marque pour l’artiste, un tournant dans sa carrière. En effet, dès le Consulat, il deviendra l’un des fournisseurs privilégiés de l’Empereur et sa famille.

Pendant ses trente-trois ans de carrière, Martin Guillaume Biennais s’attache à faire évoluer sa profession : ses productions s’adaptent aux attentes de sa clientèle fortunée, avide de nouveautés et de luxe. Biennais entreposait ses créations dans sa boutique du Singe violet, rue saint-Honoré. Il y employait plus de 80 ouvriers, représentant l’idéal de l’ascension sociale sous le règne de Napoléon.

A propos du roi Jérôme Napoléon

Jérome (1784–1860), Roi de Westphalie du 8 juillet 1807 au 26 octobre 1813 Dernier enfant de la fratrie Buonaparte, né le 15 novembre 1784 que son frère ainé Napoléon chargé de famille à la mort de son père en 1785, destine à une carrière maritime.

Capitaine de frégate puis de vaisseau la même année, l’Empereur le place à la tête d’une escadre à destination des Antilles et à la suite de la capture d’une dizaine de vaisseaux de commerce britanniques, il devient contre-amiral et général de division le 14 mars 1807.

Dans le cadre de sa politique d'alliances, Napoléon marie le 22 août 1807 son frère Jérôme à la princesse Catherine de Wurtemberg, fille de l'électeur et duc Frédéric de Wurtemberg

Le 8 décembre 1807, à 23 ans, le plus jeune des fils Bonaparte est sacré roi à Kassel, la capitale du royaume de Westphalie créé par Talleyrand et Napoléon au sein de la confédération du Rhin.

Ses dépenses ne manquent pas de susciter la colère de Napoléon. Les relations entre les deux frères se dégradent en juillet 1809, au cours de la seconde campagne d’Autriche quand Jérôme, incapable de respecter les objectifs militaires se fait battre par le général Kienmayer...

Aussi piètre général pendant la campagne de Russie en 1812 , il est alors subordonné du maréchal Davout, ce que le roi de Westphalie supporte mal et finalement il abandonne «l’Armée des Vingt Nations» et regagne Kassel.

Exilé en Suisse après la première abdication de son frère, Jérôme se réfugie ensuite à Trieste en Italie. Il se rallie à l’Empire lors des Cent-Jours et participe aux combats de la campagne de Belgique. Après la deuxième abdication de Napoléon, Jérôme choisit le château de Göpingen, au Wurtemberg, comme nouvelle demeure où il réside jusqu’en août 1816. Puis il s’installe en Autriche sous le nom de comte et prince de Montfort.

Il traverse le régime de Louis XVI, la Révolution, le Consulat et l’Empire, les deux Restaurations, la Seconde République et le Second Empire de son neveu Napoléon III. Il est le dernier de la fratrie à s’éteindre le 24 juin 1860 puis est inhumé aux Invalides le 3 juillet.

Le roi Jérome Napoléon:  Petit buste en bronze doré, signé BIENNAIS