LE STYLE NEOGOTHIQUE-Écritoire en bronze argenté

Sous l’influence du mouvement romantique, on assiste en Angleterre au XVIIIème siècle à un engouement pour le Moyen-âge. S’inspirant de l’architecture médiévale, le « Gothic revival » apparaît outre-manche vers 1750.

En France, ce style commence à s’afficher au début du XIXème siècle, avec la peinture de style Troubadour dont les thèmes sont empruntés au Moyen-âge et à la Renaissance. Mais les goûts de Napoléon 1er obligent, il préfère les références à l’Antiquité et le style Empire continue ainsi à s’inscrire dans le courant néoclassique.

Il faut attendre la Restauration (1814-1830) pour que l’architecture gothique soit au goût du jour en France, et que le style « néo-gothique » connaisse un véritable épanouissement dans les arts. Il prend son essor sous Louis Philippe (1830-1848) et perdure jusqu’à la fin du XIX ème siècle

Dans le sillon de Chateaubriand qui, publie en 1802, « Génie du Christianisme », le mouvement néogothique glorifie et restaure le passé monarchique et chrétien de la France que le mouvement néoclassique issu de la révolution avait effacé.

Il correspond ainsi à un mouvement culturel qui traverse toute la société et il concerne toutes les formes d’art.

Il s’épanouit en architecture où Prosper MERIMEE (1803-1870) inspecteur général des monuments historiques et EUGENE VIOLLET-LE-DUC (1814-1879) signent d’audacieuses restaurations.de constructions médiévales.

Dans les arts, Il introduit un nouveau répertoire décoratif dont il puise ses sources dans l’architecture gothique : arcs trilobés, voute d’ogive, pinacles, motif en pli de serviette…

Pendant plusieurs décennies, toutes sortes de meubles, de bibelots, et d’objets, dont encriers et écritoires sont revisités dans le style « A la Cathédrale »

A Paris, ce sont les magasins de curiosité et de nouveauté comme «l’Escalier de Cristal», «Le Coq Saint Honoré» (Alphonse Giroux) ou «le Petit Dunkerque» (Granchez) qui diffusent ces objets à la noblesse et à la bourgeoisie et qui propagent le goût « néogothique » dans la société du 19ème siècle.

Une étonnante écritoire qui décline toutes les caractéristiques du STYLE NEOGOTHIQUE

Cette écritoire se singularise par ses proportions, (46,5cm x 21cm x 26,5 cm) ses ornementations, et le fait qu’elle est en bronze argenté. La quasi-totalité des écritoires néo-gothiques est, en effet, en bronze doré, en patine brune, voire en deux tons.

Elle met en scène une théâtrale décoration qui puise son inspiration dans l’architecture gothique. Elle témoigne ainsi de l’attrait des arts décoratifs français pour l’univers stylistique médiéval au début du XIXème siècle

La scène décorative se répartit sur un plateau mouluré en dessous duquel court une galerie et sur lequel s’érige une sculpture architecturale simulant une cathédrale ou une chapelle. Tous les motifs caractéristiques du lexique néogothique sont présents : fenestrage lancéolé, arcatures ogivales, colonnettes, pinacles…

De nombreux détails sont empruntés au monde végétal - branchages, feuillages, ou animal - tête de chien-synonyme de fidélité ou hiboux aux ailes déployées émissaires de la sagesse.

De part et d’autre, sous forme de lanternons octogonaux dont les couvercles ont une prise ornée de lions héraldiques, se situent un encrier et un poudrier à sécher l’encre (sablier)

Cette écritoire est l’œuvre de Ferdinand Sébastien DELARUE, fabricant de bronzes d’art à Paris établi successivement entre 1878 et 1908, 8 rue de Saintonge, 2, rue Commines, puis 108, rue Vieille du Temple, dont elle porte au dos le cachet gravé.